Marco Glaviano Paulina Porizkova (New York), 1987
Publié par Discover Saint Barthélemy Magazine
Édition n°21 - 2017 (pages 90-103)
Écrit par Laetitia Arnoult
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Potrait Photo of Marco Glaviano by Giovanni Gastel
Quand on regard les images de Marco Glaviano, on est tout de suite touché par leur intensité. Des corps magnifiés que s'imbriquent dans des paysages oniriques, parfois surréalistes. Des grands frontière de l'intime. Sur cinq décennies, cette figure de la photographie de mode aura sillonné la moitié de la planète, capturé la beauté du mode et fait défiler les plus grands top models devant son objectif. A 74 ans, le maestro boucle 50 ans de carrière avec la publication d'un magnifique livre rétrospective. Un ouvrage à découvrir dans le cadre de l'exposition que lui consacre la galerie d'art Space SBH à Saint Barth, en janvier 2017. Rencontre avec une personnalité attachante qui a gardé son âme de ragazzo.
Marco Glaviano Richard Davis, Central Park South Studio, New York, 1979
Au bout du fil la voix est chaleureuse. L'accent chantant. Pas de doute, Marco Glaviano est italien. Il précise en riant: « Sicilien ! » Avec un passeport américain. Lorsqu'on lui demande son état d'esprit du moment, il semble heureux : « Je ferme un cercle de cinquante ans. J'ai beaucoup travaillé mais j'ai eu une très belle vie, intense. Comme si j'avais vécu cent fois une vie normale ! » Avouons que son parcours est impressionnant : plus de 500 couvertures pour de publications internationales, trente expositions, des photos qui ont fait leur entrée dans des musées et des collections privées. En 5 x 10 ans, le photographe aura tout capturé, ou presque : la mode, les femmes (ses sirènes), les musiciens, la nature... Guère étonnant pout un homme qui a joué du jazz dès l'adolescence, étudié l'architecture, et baigné dans une famille d'artistes où ses premiers mentors furent ses oncles sculpteurs, cinéastes et peintres. C'est l'un d'entre eux d'ailleurs qui lui offrira son premier appareil photo, un Leica, à l'âge de cinq ans. Une signe ? L'aventure photo commence en 1966 avec son premier studio à Rome, puis à Milan où il travaille pour la plupart des magazines de mode européens. En 1975, il s'installe à New York où il enchaîne les contrats avec le Vogue américain et Harper's Bazaar. En Signant la première photo de mode digitale (Vogue 1982), il expérimente le numérique bien avant d'autres. Au fil du temps, Marco Glaviano se fait un nom dans la mode et la beauté, collabore avec les plus grandes magazines, réalise des filmes et des campagnes publicitaires. Il créera également les gigantesques Pier 59 Studios en 1995 à New York, devenus un temple de la photo de mode.
La belle époque pout lui ? Sans conteste les années 80, l'âge d'or. « Mème si c'était un peu excessif, il y avait beaucoup de liberté. » Aux côtés de John Casablancas, le patron de l'agence Elite, Marco Glaviano prend part à la création du phénomène Supermodels : « Avec John et Patrick Demarchelier, on se disait qu'il y avair des filles extraordinaires mais mal payées, que tout le monde traitait mal. On voulait en faire des filles à part. » Pari réussi et petite révolution avec ces mannequins d'un genre nouveau, sexy, ultra-po, avec une forte personnalité : « Le phénomène a dépassé la mode. Les 400 filles qu'on a photographiées sont devenues des stars, et sont encore des stars. » Au panthéon des tops qu'il a lancées figurent Paulina Porizkova, Eva Herzigova, et... Cindy Crawford, « son amie de toujours. » Marco Glaviano raconte leur première rencontre : « C'était à New York. Cindy était toute jeune mannequin, elle n'avait que 17 ans. Elle est venue vers moi et tout de suite je l'ai trouvée extraordinaire. J'ai proposé au Vogue américain de travailler avec elle mais ils ont refusé dans un premier temps car elle n'était pas blonde aux yeux bleus ! Quand elle a débuté, tout le monde voulait qu'elle enlève son grain de beauté. Cindy a dit non. Elle a toujours été très fortes (rires)! » Si l'anecdote fait sourire, la suite appartient à l'histoire...
Marco Glaviano Cindy Crawford (St Barth), 1991
Marco Glaviano Cindy Crawford (St Barth), 1990
Marco Glaviano Julie Anderson (New York), 1986
A part sa muse préférée, le maestro a travaillé régulièrement avec une vingtaine de filles. Pas plus. Pour lui en effet, « avoir une bonne relation avec un modèle est très important, sinon il n'y pas d'âme dans la photo. » Devant son objectif, c'est d'abord la profondeur et la personnalité de son sujet qu'il recherche, quelqu'il soit. Sirène, ou pas. Cette fascination pout la beauté serait-elle le fil rouge de son travail ? « C'est la plus belle chose au monde. On peut la trouver partout se elle existe. Chez une jeune fille, un arbre, un paysage, une vieille femme... Il faut la chercher. » A Saint Barth, il semble l'avoir trouvée. Son île refuge, son « amour » depuis plus de quarante ans, et son terrain de jeu. C'est là qu'il a réalisé la moitié de ses photos et commencé ses premiers shootings. Dans les années 70, il y a découvert une « vie simple » et une nature à l'état sauvage qui lui rappelait sa « vieille Sicile ». « A l'époque, il n'y avait rien, pas d'eau, pas de communication, on manquait même de nourriture parfois. C'était incroyable. On se croyait sur la lune. » Si l'île de son coeur reste l'endroit qui'il « préfère au monde », à quoi donc aspire Marco Glaviano ? Entre quelques campagnes photos, l'artiste dédie son temps à son travail personnel. Avec une exposition rétrospective qui voyagera en 2017 en faisant un stop en janvier à Saint Barth, à la Galerie Space SBH. Et la sortie de son livre collector Glaviano 50 : une sélection d'images iconiques - et inédites aussi - qui couvrent ces cinq dernières décennies. L'histoire de sa vie couchée sur le papier. Et quelle vie...
Marco Glaviano Jazzmine (Marrakech), 2009
Marco Glaviano Olga Serova (Sardenia), 2009
Pour en savoir plus sur les pièces disponibles de l'artiste, contactez la galerie Space Gallery St Barth
info@spacestbarth.com